Depuis quelques semaines fleurissent des multitudes d’articles sur le community management. C’est à celui qui trouvera le titre le plus accrocheur, qui sera le plus retwitté, etc. Et bien évidemment, je vais y mettre mon grain de sel !^^ Un brin énervée… (et encore j’ai « allégé » la première version de cet article…)

Déjà le terme en lui même, « community manager » « commence » à m’agacer. Ce n’est qu’un buzzword de plus, auquel beaucoup tendent à se raccrocher. Pour ma part, sur mon CV, je parle de community management parce que c’est le terme utilisé à l’heure actuelle mais je me reconnais beaucoup plus dans une autre expression, dont je parlerai plus loin dans cet article. Les employeurs utilisent ce terme sans trop le connaître, alors leur proposer sa propre variante serait un peu « aventureux ».

Dans le domaine du « community management », on a trois profils de personnes :

  • les vrais connaisseurs, avec l’expérience, les connaissances, la « culture », les « vrais pros » en somme. Eux, ne sont pas en train de la ramener chaque matin…
  • ceux qui veulent prouver au monde entier qu’ils sont les meilleurs « community manager » au monde, qu’ils ont plus d’expérience que tous les autres et qu’ils ont commencé avant même d’être venus au monde…
  • ceux qui ne voient en ce métier qu’un métier à la mode, qui ne consiste qu’à fréquenter des soirées « branchouilles » où le champagne coule à flot. Ceux ci intitulent leur CV « community manager » pour faire bien, être « dans la place ».

Évidemment, c’est aux deux dernières catégories que j’ai envie de dire « stop » ! Je passerai très rapidement sur la dernière, qui pour moi n’est pas « intéressante » et qui verra tous ses « fans » partir au prochain buzzword…

C’est surtout la catégorie des soit disant experts qui me gonfle. Vraiment. Vous faites du community management depuis 10 ans ? Vous étiez les premiers inscrits sur les premiers forums et les premiers à modérer les autres. Tant mieux pour vous. Mais 10 ans plus tard, vous en tirez quoi de votre fameuse expertise, à part crier au monde entier que vous y étiez vous, en premier ? Au quotidien, à part dire que vous êtes experts, vous la montrez concrètement cette expertise ? Non, malheureusement…

Je n’étais pas ce que l’on peut appeler une « early adopter » du net. Chez mes parents, ma sœur gérait l’abonnement… chez AOL, un bon vieux modem, (jaune poussin), du 56K, pas d’ADSL, un bruit d’enfer à chaque connexion…pas pratique pour les connexions « nocturnes ». J’avais une quinzaine d’années (aujourd’hui j’en ai 27). Bref…

Petit à petit je suis arrivée sur des forums (de football principalement). J’y ai fait ma place. Au fil du temps j’en suis devenue modératrice. C’était il y a environ sept ans. (ohhh la vieille experte !!! Mon c** oui !) Puis j’ai rencontré celui qui partage aujourd’hui ma vie. A l’époque il avait déjà un site internet d’actu sur notre région. Avec un forum. Sur lequel j’ai été « promue » modératrice rapidement. Certains utilisateurs avaient d’ailleurs plus de légitimité de remplir cette tâche que moi. Mais là aussi au fil du temps, j’ai fait ma place. Avec les membres « sympas » et les autres, toujours prêts à troller, qu’il fallait surveiller sans cesse. J’ai appris à « bannir » un membre, bannir une IP. Mais aussi j’ai « appris » ce que c’était une communauté, une « vraie ». Celle qui souhaitait poursuivre IRL les échanges débutés en ligne. On a rapidement organisé des « apéros bougnats« . Pour le premier nous étions 4. Au fil du temps, les participants se sont ajoutés. La communauté a grandi. Des amitiés sont nées. Parfois plus. J’adorais être témoin de tout ça. A l’époque, on ne parlait pas de « web 2.0« , ni de « community management« . Mark Zuckerberg en était à sa première poussée d’acnée… (bon ok j’exagère, il a seulement un an de moins que moi^^).

Bref on était bien loin des buzzwords actuels mais c’était la même chose sur le fond. Alors parce que j’étais modératrice sur un forum il y a sept ans et que j’organisais déjà des apéros, je devrai me considérer comme une experte ès community management ?

Bien loin d’être consciente de ces choses là, je prenais un vrai plaisir à voir ces gens se connecter, à me connecter à cette joyeuse bande. Puis les blogs sont apparus. Ma moitié a voulu m’en faire un. J’étais sceptique au départ, je ne voyais pas vraiment l’intérêt. Puis je me suis prise au jeu. Encore bien loin de penser « personal branding« …

Après plusieurs essais, pas très convaincants sur mon premier blog, la « passion » des blogs s’est accentuée au fil des années. Aujourd’hui, j’en ai une dizaine. Cela prend du temps, certes. Il faut rédiger les billets, puis les faire connaître. Twitter, Facebook, la blogosphère.

Est ce que tout cela fait de moi une « community manager » ? Non, je ne crois pas…

C’est quoi au fond un « community manager » ? Ça s’apprend ? Alors ça, ça me fait rire ! Il paraît que des formations pointent le bout de leur nez depuis quelques temps. Je serai curieuse de connaître le programme. Première semaine « comment on créé un compte sur Facebook ? » Deuxième semaine : « Comment on gère un troll ? » …Oui je sais je suis de mauvaise foi.

Sauf que j’ai du mal à concevoir que le community management s’apprenne en tant que tel. Pour moi c’est quelque chose qu’on a « en soi« . C’est peut être très naïf et utopique (oui j’ai un côté bisounours). Mais peut être pas tant que ça. A la base, je suis « communicante« , j’ai fait un IUP Infocom, jusqu’en M2, duquel je suis sortie l’an dernier, après un stage de fin d’étude où j’étais…community manager. Je devais mettre en place la stratégie communautaire d’un parc de loisirs. Ah les vilains stagiaires qui font du community management au rabais…

J’ai arrêté les forums, les « apéros bougnats » aussi. Maintenant je me consacre à mes blogs (et à mes clients aussi, accessoirement). Et aussi à des « apéros web« . L’idée est de réunir des gens de ma région qui travaillent dans le domaine du web ou qui sont des « simples » passionnés, « juste » inscrits sur Twitter. Je ressens le même plaisir de voir les participants des « apéros web » se « connecter » que lors des « apéros bougnats ».

J’aime échanger avec les gens. En ligne comme dans la vraie vie. J’aime beaucoup le contact humain. Les réactions de l’être humain sont fascinantes parce qu’elles sont imprévisibles…

Maintenant, les marques s’approprient un peu tout ça. On parle de marketing, ROI, statistiques, chiffres, objectifs, fans, followers et…community management*. Ah tiens le revoilà ce vilain mot, sur lequel tout le monde tape mais qui fascine tout le monde.

Un jour en discutant avec ma moitié, nous avons (enfin plus exactement il a) trouvé une « alternative » à ce mot. Il prenait l’exemple de ce que je fais à travers mes différents blogs et concernant l’organisation des petites rencontres du web auvergnat. Et de m’affubler du terme « dynamiseuse de communauté« . Alors certes ce n’est pas hyper sexy comme terme. Sur un CV ce n’est pas très vendeur, j’en conviens. Sauf que moi je me sens beaucoup plus à l’aise dans mes baskets avec ça qu’avec « CM ». Parce qu’au fond n’est ce pas là son vrai rôle, de « dynamiser » ? Que ce soit au service d’une marque, d’une passion, on s’en fiche…

Alors certains diront peut être que je ne suis ni community manager, ni « dynamiseuse » de quoi que ce soit. Sauf qu’il n’existe aucun diplôme de community manager à l’heure actuel, alors qui peut vraiment y prétendre ? Le plus important, n’est ce pas d’agir et de se sentir bien dans ses « communautés » ?

Certains me diront que ce billet est plein d’utopie, très bisounours. Sans doute. Sauf que le cœur du communautaire est bien l’humain. Sans humain, pas de chiffres, pas de belles stats. A bon entendeur…

*je vous vois venir alors je préfère préciser : évidemment qu’il y a des objectifs dans une « stratégie communautaire », qu’on s’appuie sur des chiffres, etc. Mais ce n’est pas le propos central du jour.